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Pays de la Loire Vols : « Je n’en dors plus la nuit »

Trois cents animaux volés depuis le début de l’année : les agriculteurs de Loire-Atlantique tirent la sonnette d’alarme autour du « Collectif des éleveurs pillés ».

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«Les éleveurs sont excédés. Un jour ou l’autre, il y aura un drame. » Pour Sébastien Héas, éleveur à Ligné, en Loire-Atlantique, la coupe est pleine. Depuis cinq ans, il se fait régulièrement voler des bêtes. Et le phénomène serait en recrudescence cette année, avec 300 animaux dérobés dans le département depuis janvier, dont encore 14 moutons début août, à Saint-Sébastien-sur-Loire, au sud de Nantes.

« Je dors très mal. Parfois, en pleine nuit, j’ai un mauvais pressentiment. Alors, je me lève, je prends la voiture, et je fais des rondes », raconte de son côté Willem Verberckmoes, exploitant à Trans-sur-Erdre. À la tête de 1 600 animaux, cet éleveur, parmi les plus touchés en Loire-Atlantique, voit 40 à 50 bêtes de son troupeau disparaître chaque année, et une centaine en 2017. La pression est grande pour lui, tout comme l’impact financier des vols : il faut compter environ 450 euros de manque à gagner parbrebis. « D’autres problèmes sont à prendre en compte, poursuit-il. Pour se protéger, on regroupe les moutons autour des bâtiments. On abandonne les parcelles les plus éloignées, celles qui sont les plus exposées au vol. On augmente ainsi le chargement à l’hectare autour de l’exploitation, avec de nombreuses conséquences, entre autres le risque de parasitisme. »

Des vols de porcs ont également été constatés dans la région. Face à ce fléau, les agriculteurs ont décidé de s’unir. En avril 2018, une poignée d’exploitants menés par Sébastien Héas ont créé une association départementale sans étiquette (1). Baptisée « Collectif des éleveurs pillés », elle a pour objectif de rassembler les agriculteurs touchés, et de les soutenir, notamment en matière juridique.

Pour avoir plus de force

« Nous ne pouvions pas rester chacun de notre côté à subir ces vols. Ainsi, nous sommes plus visibles, explique Sébastien Héas. Nous avons rencontré les responsables du département. Pour nous protéger, il nous faut plus de moyens, et certains éleveurs n’en ont pas. Mais pour l’heure, on attend toujours une réponse. »

Le collectif de 35 adhérents s’est toutefois fait ouvrir les portes de la gendarmerie (lire l’encadré). Quant aux voleurs, les agriculteurs indiquent ne les avoir jamais rencontrés. « Des voisins sont parvenus à agir chez moi une fois et à les chasser, reprend Willem Verberckmoes. Mais nous ignorons qui ils sont. Nous savons, en revanche, qu’ils arrivent très bien à trier les bêtes. Quand il y a des vols en bâtiment, ils prennent souvent les agneaux qui sont bons à tuer. Certains sont de vrais connaisseurs. »

Rosanne Aries

(1) Contact : c.e.p44850@gmail.com

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